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Le portrait de l’Alliance

  • Photo du rédacteur: Envoyé spécial
    Envoyé spécial
  • 22 nov.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 nov.


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Montréal, le 24 novembre 2025 — Les bahá’ís du monde entier, tout comme de nombreux amis dans plusieurs quartiers de Montréal, participent cette semaine à la célébration du Jour de l’Alliance.

Désigné comme le « Centre de l’Alliance », ʻAbdu’l-Bahá avait expliqué que le 23 mai — date à la fois de sa naissance et de la déclaration publique de la mission du Báb — devait être réservé exclusivement à la commémoration de cet événement fondateur. Il demanda donc que cette journée ne soit en aucun cas célébrée comme son anniversaire.

Cependant, face au souhait persistant des bahá’ís de disposer d’un jour pour honorer la figure d’ʻAbdu’l-Bahá, celui-ci institua en 1912 le 26 novembre, soit 181 jours après l’ascension de Bahá’u’lláh, comme date commémorant la désignation du Centre de l’Alliance. Cette fête, d’abord connue en persan sous le nom de Jashn-i-A‘zam (« la plus grande fête »), en référence à la « Plus Grande Branche » que représentait ʻAbdu’l-Bahá, est devenue en Occident le Jour de l’Alliance. Il s’agit de l’un des deux jours saints bahá’ís pour lesquels la suspension du travail n’est pas requise.

Lors de son séjour à New York, au cours de ses 239 jours de voyage à travers les États-Unis et le Canada, le souhait de peindre son portrait devint pour Juliet Thompson — artiste new-yorkaise et bahá’íe dévouée — une expérience d’une profonde intensité spirituelle.

Depuis des années, Thompson entretenait le rêve intime et mystérieux qu’elle pourrait un jour peindre le visage du Christ. Quand elle apprit qu’ʻAbdu’l-Bahá acceptait de poser pour elle, son cœur fut saisi d’émotion et de respect sacré.La séance eut lieu dans son atelier de la West 10th Street, à New York.


Juliet raconte : « Lorsque j’avais dix ans — je m’en souviens clairement, car cette année-là nous vivions chez ma grand-mère — une idée pour le moins présomptueuse s’empara de moi. Je me mis à rêver qu’un jour je peindrais le Christ. Je priais même pour cela.Je ne perdis jamais cet espoir… jusqu’au jour où je vis le Maître. Alors je compris que nul ne pourrait jamais peindre le Christ. Comment capturer, avec de la peinture, le soleil et tout l’univers irradiant autour de lui, ou une succession infinie d’éclairs ?

Imaginez donc ma surprise, ma stupeur, ma crainte, ma joie et ma gratitude mêlées, lorsque Mrs. Gibbons m’apprit la nouvelle, à l’arrivée du Maître à New York. La veille de son débarquement, elle avait reçu une Tablette dans laquelle Il disait :“À Mon arrivée en Amérique, Mlle Juliet Thompson peindra un portrait merveilleux de Moi.”

Cette réponse faisait suite à une requête de Mrs. Gibbons qui avait supplié que sa propre fille puisse Le peindre. Elle ne le fit finalement jamais, bien que le Maître lui eût accordé cette permission — ajoutant, avec une grâce encore plus grande, ces paroles à mon sujet.»


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Le 5 juillet 1912, le portrait du Maître Bien-Aimé est achevé. Il a posé pour moi à six reprises, mais en réalité, je l’ai peint durant les trois demi-heures qu’Il m’avait promises ; car, la sixième fois, lorsqu’Il posa dans sa propre chambre, tout en haut de la maison, je n’ajoutai pas un seul coup de pinceau. J’étais là, contemplant le portrait et me demandant ce qu’il restait à faire, lorsque soudain Il se leva de Sa chaise et dit : « C’est terminé. »

… Lors de quatrième séance, le 19 juin, le visage que je voyais alors était trop sacré, trop redoutable. Il demeurait immobile comme une statue, les yeux clos, une paix infinie répandue sur ce visage ciselé, une majesté calme et presque divine dans la noble tenue de Sa tête.

Soudain, dans un éclat fulgurant, semblable à la foudre, Il ouvrit les yeux, et la pièce sembla vaciller comme un navire en pleine tempête sous l’effet de la Puissance libérée. Le Maître rayonnait. « Les voiles de gloire », « les mille voiles », s’étaient consumés dans cette Flamme, et nous étions exposées à la Gloire même.

Lua et moi restâmes là, tremblantes, en sanglots.

Puis Il s’adressa à Lua. Je saisis les mots : « Munádíy-i ‘Ahd » — « Héraut de l’Alliance ».Lua se redressa d’un bond, la main sur la poitrine.« Man ? — Moi ? » s’exclama-t-elle.« Appelez l’un des Persans. Vous devez comprendre ceci. »

Je n’oublierai jamais cet instant : les yeux étincelants de ‘Abdu’l-Bahá, la résonance de Sa voix, la force palpable qui faisait encore vibrer la pièce. Dieu de l’éclair et du tonnerre ! pensai-je.

« Je te nomme, Lua, Héraut de l’Alliance. Et JE SUIS L’ALLIANCE, désignée par Bahá’u’lláh. Et nul ne peut réfuter Sa Parole. Ceci est le Testament de Bahá’u’lláh. Tu le trouveras dans le Livre Saint de l’Aqdas. Va, et proclame : “Voici L’ALLIANCE DE DIEU au milieu de vous.” »

Une immense joie souleva Lua ; ses yeux brillaient d’une lumière intérieure. Elle ressemblait à un ange ailé. …

Le Maître s’était déjà revêtu de Ses voiles, de ces « mille voiles ». Il se tenait devant nous dans Sa chère humanité : très, très humain, très simple.


Le journal de Juliet Thompson, traduction de André Brugiroux

 
 
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