Les cœurs sont en deuil aujourd’hui !
- Envoyé spécial
- 28 nov.
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Montréal, le 27 novembre 2015 — Partout dans le monde, la communauté bahá’íe et de nombreux amis se recueillent aujourd’hui pour commémorer l’ascension de ‘Abdu’l-Bahá — l’Exemple même de la perfection humaine, le Centre de l’Alliance et le Maître vénéré dans l’univers bahá’í.
Lorsque ‘Abdu’l-Bahá quitta ce monde à l’aube du 28 novembre 1921, la nouvelle dépassa largement le cercle des croyants. Les journaux d’Europe et d’Amérique — du London Morning Post au New York World — rendirent hommage à une figure dont la présence avait profondément marqué l’esprit de son époque.
Deux jours après Son décès, le Morning Post rappelait que, depuis la disparition de Bahá’u’lláh en 1892, Son fils avait assumé la direction de la Foi, fraîchement libéré après quarante années d’emprisonnement. Le journal soulignait la constance de Son message : l’origine divine de l’humanité et son unité essentielle — message porté avec une courtoisie si rare que bouddhistes, musulmans, hindous, zoroastriens, juifs et chrétiens se retrouvaient autour de Sa table dans une parfaite harmonie. « Les créatures, disait-Il, ont été créées par amour ; qu’elles vivent dans la paix et l’amitié. »
Le 1ᵉʳ décembre, The New York World rappelait qu’aucun dirigeant d’un mouvement religieux oriental n’avait, avant Lui, visité les États-Unis. Son correspondant décrivait l’impression ineffaçable laissée par Sa personne : la silhouette majestueuse drapée dans l’abá, le turban immaculé, les yeux profonds dont le regard ébranlait le cœur, et ce sourire qui répandait sa douceur sur tous.
Dans les jours qui suivirent, des dizaines de quotidiens américains rapportèrent Sa disparition. Le Evening Telegram associait Son enseignement au mouvement grandissant pour la paix, rappelant que des églises de toutes confessions à New York et Chicago Lui avaient ouvert leurs portes — signe de l’estime universelle qu’Il inspirait. Le New York Tribune, dans un éditorial intitulé « ‘Abdu’l-Bahá », écrivait : « Prophète, selon la croyance de Ses fidèles, et fils d’un prophète, ‘Abdu’l-Bahá repose désormais parmi les âmes inspirées des temps passés… Il a vu de son vivant l’essor remarquable du mouvement pacifique dont il était la tête. Bahá’u’lláh, il y a plus de soixante ans, exposa un plan de paix guère différent des aspirations d’aujourd’hui. »
À Chicago, la revue Unity rendit hommage au Maître dans son numéro du 22 décembre : « ‘Abdu’l-Bahá a exprimé avec éloquence l’aspiration sacrée qui, chez tant d’êtres, demeure prisonnière derrière le voile. Il a incarné, dans une maturité éclatante, l’idéal qui, chez d’autres, reste à l’état de germe. Hommes et femmes de toutes races, croyances, classes et couleurs se sentent unis dans leur amour pour ‘Abdu’l-Bahá, car ‘Abdu’l-Bahá fut un miroir pur, désintéressé, reflétant uniquement les plus nobles qualités de chacun. »
Même le monde universitaire s’associa au deuil. Un professeur éminent de l’Université d’Oxford, écrivant en son nom et au nom de son épouse, confia dans son message de condoléances : « Le passage au-delà du voile, vers une vie plus pleine, doit être spécialement merveilleux et béni pour Celui qui n’a jamais détourné ses pensées des réalités célestes et s’est toujours efforcé de mener ici-bas une vie élevée. »
Ces témoignages ne sont qu’une infime part des quelque cent articles publiés alors à travers le monde — preuve de l’estime exceptionnelle dont jouissait ‘Abdu’l-Bahá. Il est saisissant de se rappeler qu’Il connaissait Lui-même le jour et l’heure de Son départ. Avec une délicatesse inaltérable, Il veilla toutefois à épargner à Sa famille toute prémonition de la douleur imminente, voilant à leurs yeux songes et signes annonciateurs. Ce n’est qu’après coup qu’ils comprirent la profondeur de Sa sollicitude : Il voulait préserver leurs forces afin qu’ils puissent affronter la grande épreuve sans être consumés d’angoisse à l’avance.
- Référence : The Bahá’í World, Volume 15 (1968–1973)Notes :
- ‘Abdu’l-Bahá rectifiait souvent ceux qui Le qualifiaient de prophète. Il est, simplement et magnifiquement, ‘Abdu’l-Bahá — le Serviteur de la Gloire.
- Le terme approprié est Foi bahá’íe — et non « secte » ou « culte », comme on le lit parfois.
- Photographie : ‘Abdu’l-Bahá, 20 juin 1912, prise par la célèbre photographe Gertrude Käsebier, New York.



